Liêm Hoang-Ngoc é economista e deputado europeu pelo PS francês. Transcrevo da página Web de hoje, do jornal francês Liberation, uma entrevista que deu a CHRISTIAN LOSSON para esse jornal . O título é sugestivo : «A Europa está em vias de se tornar uma casa de correcção», uma vez que, como se diz num pequeno excerto destacado, a Comissão Europeia recomendou à França : « Terapias de choque neoliberais » que conduzem ao impasse".
Lá como cá. Mesmo sendo a França um dos grandes países europeus, a canzoada neoliberal vai-lhe às canelas. É urgente que se perceba que a direita europeia , fiel capataz do capital financeiro, declarou guerra aos povos europeus e em particular aos socialistas europeus. Não podemos deixar-nos cozer em lume branco. Não podemos responder a verdadeiras agressões, ainda que embrulhadas em mistificações ideológicas, com documentos inofensivos e com ladainhas europeias que esquecem o essencial. Estamos a ser atacados por bárbaros, ao serviço do capital financeiro. Não poderemos resistir, recorrendo a rotinas e aceitando os quadros de referência do inimigo. Isso mesmo, do inimigo. É isso o que temos pela frente. Eis a entrevista :
«L'Europe est en passe de devenir une maison de redressement»
Par CHRISTIAN LOSSON
Libération
Liêm Hoang-Ngoc est économiste et député européen du PS. Il revient, pour Libération, sur les recommandations de la Commission européenne, dévoilées aujourd'hui, autour du «programme de stabilité de la France pour la période 2012-2017».
«La France connaît des déséquilibres macroéconomiques qui requièrent une surveillance et l’adoption de mesures décisives», estime la Commission, qui plaide pour une série de mesures très sévères pour la France...
Comme le disait Bernard Cazeneuve, lorsqu’il était ministre des affaires européennes (il est désormais l'actuel ministre du budget, ndlr), "l’Europe est en passe de devenir une maison de redressement". On inflige aujourd’hui des réformes dites structurelles -mais qui sont clairement d’inspirations néolibérales- que doivent engager tous les Etats Membres. La France n’est pas la seule à subir ce genre de traitement où l’on impose des «réformes» qui sont loin d’avoir fait leur preuve.
Quand on regarde les détails de préconisations sur l’emploi, les retraites, la fiscalité, on a le sentiment que même le FMI est désormais moins orthodoxe que la Comission. Comme s’il ne s’était rien passé depuis cinq ans dans le monde?
Depuis la crise, les textes européens ont inscrit dans le marbre les politiques néolibérales à suivre. C’est toujours présenté de façon technique comme la seule politique possible à mener face au déficit de compétitivité et les dettes souveraines. Mais ce sont des thérapies de choc menées jadis par Thatcher et son there is no alternative et défendues par Merkel aujourd’hui. La nouveauté, c’est que la Commission réalise que les cures d’austérité n’atteignent pas leur objectif de réduction des déficits ou de retour de la croissance. C ’est presque à contrecoeur qu’elle s’est résolue à suspendre pendant deux ans le pacte de stabilité pour les pays incapables revenir à un déficit budgétaire de 3% en 2013. C’est un bol d’air qui doit permettre de laisser jouer les amortisseurs de crise, ce que les économistes appellent les stabilisateurs automatiques. Cela doit éviter de couper dans les dépenses sociales qui peuvent avoir un effet de soutien au pouvoir d’achat des plus démunis alors qu’il y a un problème de demande aujourd’hui en Europe...
Le problème, c’est que toute les recommandations vont dans le même sens; elles jugent même «élevé» le salaire minimum...
Alors que la hausse du smic tenait à peine du rattrapage des années précédentes! Mais les préconisations affichent en revanche un plaidoyer pour augmenter l’âge du départ à la retraite, baisser l’impôt sur les sociétés, ou réduire les cotisations sociales patronales, etc. La Commission n’a pour seul logiciel que la politique de l’offre alors qu’il faut précisément jouer sur la politique de la demande. Or , cela ne marche pas. Si tout les pays baissent leur salaires en même temps, c’est un jeu à somme nulle. Pire: à somme négative. On tue la demande intérieure européenne et on ajoute de la récession à la récession.
Pour autant, la Commission pointe une fois de plus, et ce n’est pas la seule, les prévisions trop optimistes de croissance pour 2013 en France. Rappelle que le ratio de la dette au PIB, de 64,2% en 2007, a atteint 90,2% en 2012 et devrait pointer à 96,2% en 2014. Et l’OCDE a ce matin jugé que le chômage continuera à augmenter en 2014 à 11,5% de la population active...
ll n’y aura pas d’inversion de tendance tant qu’il n’y aura pas de croissance. On peut prendre des mesures ponctuelles, comme les emplois aidés, mais cela n’a qu’un effet marginal sur l’emploi. Il faut donc mener des politiques contracycliques, un vrai virage via des politiques de relance en Europe, coordonnées à l’échelle de toute la zone euro pour éviter la spéculation des marchés sur les dettes souveraines.
Mais l’Europe prend le chemin inverse...
Oui, et elle le fait de façon très antidémocratique à travers ses «instruments de convergence et de compétitivité». Elle impose à chaque Etat de s’engager contractuellement sur des thérapies de chocs sans passer par les parlements nationaux ou européen. On peut prôner un gouvernement économique comme le fait François Hollande, ce choix doit être discuté dans des instances élues démocratiquement. Or, pour l’instant des institutions non démocratiques imposent des choix extrêmement douloureux aux citoyens européens, ce qui ne fait qu’accentuer le fossé avec les peuples du continent.